A l’occasion de la Journée
internationale pour le soutien aux victimes de la torture, les organisations
centre-asiatiques et internationales de défense des droits de l’homme appellent
les gouvernements de la région à s’engager à mettre fin à l’usage de la torture
et de rendre justice aux victimes. Des mesures concrètes doivent être prises,
comprenant le respect du droit d'accès à un avocat garanti aux détenus
immédiatement après leur arrestation, la mise en place de mécanismes
indépendants d’investigation des cas présumés de torture, et - pour le
Turkménistan et l’Ouzbékistan - l'octroi d'invitations permanentes à tous les
titulaires de mandats relatifs aux procédures spéciales des Nations unies,
notamment au Rapporteur spécial sur la torture.
En Asie centrale, les victimes de tortures craignent souvent de porter
plainte de peur de subir des représailles, et n’osent pas chercher assistance
auprès des groupes de défense de droits de l’homme. Depuis le début de l’année
2015, les coalitions des ONG luttant contre la torture au Kazakhstan, au
Kirghizstan et au Tadjikistan ont enregistré respectivement 45, 98 et 20
nouveaux cas de torture et de mauvais traitements. Après sa visite en 2003 en
Ouzbékistan, le Rapporteur spécial a conclu que l’usage de la torture était «
systématique » dans le pays, et nous estimons que cette pratique continue de
prévaloir à grande échelle. L’absence de contrôle et de suivi publics effectifs
à tous les niveaux rend extrêmement difficile toute tentative d’évaluation
précise de l’étendue du problème. Cependant, de nombreux témoignages d’anciens
détenus, de détenus et de leurs familles indiquent que le recours à la torture
et aux mauvais traitements fait toujours intégralement partie du système de
justice pénale. Entre 2011 et mai 2015, l’Association Droits de l’homme en Asie
centrale a reçu d’Ouzbékistan 154 allégations de torture et de mauvais
traitements commis avant et après la tenue du procès. En raisons de la nature
répressive du régime, aucune organisation de défense des droits de l’homme ne
peut opérer au Turkménistan, et il est impossible d’évaluer exhaustivement la
situation relative à l’usage de la torture. Les autorités persistent à nier
tout recours à la torture dans leur pays, et à notre connaissance, personne n’a
jusqu’à présent été inculpé sur la base de l’article relatif à « la torture »
qui a été ajouté au Code pénal du Turkménistan en 2012. Cependant, des activistes
en exil ont été informés d’accusations fondées de tortures commises à
l'encontre de différents individus suspects ou condamnés dans des lieux de
détention.
Pour plus d'informations, lire le communiqué de presse publié conjointement le 26
juin 2015 par l'Association Droits de l'homme en Asie centrale (France), le
Comité Helsinki pour les droits de l'homme (Pologne), l'ONG International
Partnership for Human Rights (Belgique), les Coalitions d'ONG luttant contre la
torture au Tadjikistan, au Kirghizistan et au Kazakhstan, le Comité Helsinki de
Norvège, l'Initiative turkmène en faveur des droits de l'homme et l'Association
des avocats indépendants du Turkménistan.
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