23.10.13

Lettre pour «Mademoiselle Jivago»


·         21 octobre



21/10/2013 à 17h09

Chère Lara Fabian,
Vous arrivez à Tachkent. Je rêve tellement de venir à votre concert… mais je ne pourrai pas pour deux raisons...


Chère Lara Fabian,

Vous arrivez à Tachkent. Je rêve tellement de venir à votre concert… mais je ne pourrai pas pour deux raisons.
 Je suis étudiant ; je fais mes études, en première année, à l’Université. Comme la plupart de vos admirateurs, je suis actuellement dans les champs de coton. Chaque jour je dois récolter 70 kg de coton [la norme]. Un kilogramme de coton est payé 117 Sum [la monnaie d’Ouzbékistan], soit 6 US cents, mais nous ne recevons pas d’argent. Nous devons régler quotidiennement 1,50 US dollar [1,50 $ = 3 200 Sum] pour nos repas. À la fin de la saison nous restons même parfois endettés devant l’État. Les produits d’alimentation qu’on nous distribue sont périmés. J’ai tenté de photographier la nourriture qu’on nous donne, mais les professeurs m’ont réprimandé et on me menace de me faire exclure de l’Université. Deuxième raison, je ne pourrais jamais acheter une place pour votre concert. Dans notre pays il y a beaucoup de chômeurs, dans notre ville ne fonctionne qu’une usine d’extraction d’huile ; d’autres usines et fabriques sont fermées parce que, chez nous, il n’y a pas de devise nationale ouzbek convertible, et les entreprises ne peuvent pas de ce fait s’approvisionner en matières premières indispensables à leur production. Dans les champs, nous n’avons pas la télévision ; ici il n’y a même pas d’éclairage convenable ; le local où nous vivons n’est pas non plus chauffé.
C’est avec plaisir, que j’ai vu votre dernier concert «Mademoiselle Jivago» à la télévision par câble. J’ai beaucoup aimé. Je vous souhaite tout le succès possible.
J’ai demandé aux défenseurs des droits de l’Homme de vous transmettre ma lettre ; ils connaissent mon nom. Je ne peux pas signer ouvertement ma lettre car je serais assurément exclu de l’Université, voire mis en prison, comme mon voisin qui a consulté des sites d’opposition sur Internet. En Ouzbékistan, il y a beaucoup de prisonniers politiques, des milliers. Je pense que vous serez intéressée d’apprendre qui sont vos vrais admirateurs et pourquoi ils ne peuvent pas venir à votre concert: c’est la raison qui m’a poussé à vous écrire.
J’espère que vous n’êtes pas uniquement une chanteuse de talent mais aussi une personne chaleureuse.
Votre admirateur,
Madamin



Un bouquet pour Lara Fabian


La chanteuse belge Lara Fabian va en Ouzbékistan. Elle a accepté de prendre part, le 27 octobre 2013, à Style.Uz, la Foire de Tachkent, organisée sous le parrainage de madame Gulnora KARIMOVA.


28.2.13

Lettre ouverte au ministre des affaires étrangères Laurent Fabius au sujet de sa visite en Ouzbékistan



De l’importance du sujet des Droits de l’Homme en Ouzbékistan

27 February 2013

Monsieur Laurent Fabius
Ministre des Affaires étrangères 
Monsieur le Ministre,

Vous vous apprêtez à vous rendre en Ouzbékistan. A cette occasion,  nous vous serions extrêmement reconnaissants s'il vous était possible d'évoquer, lors de vos rencontres avec les représentants de cet Etat, un certain nombre de sujets brûlants en matière de Droits de l’Homme et dont voici un aperçu.

         Droit de libre circulation

L’Ouzbékistan a conservé l’héritage du système soviétique. Toute personne souhaitant se rendre à l’étranger doit obtenir un visa de sortie auprès d’un département spécial du Ministère de l’Intérieur (OVIR). Ce visa ne se délivre que pour une période maximale de deux ans et tous ne peuvent en profiter. En particulier, les militants des Droits de l’Homme, les opposants politiques, les journalistes, les artistes se le voient  souvent refuser.

En janvier 2013, Vyacheslav Akhunov, un peintre renommé, s’est vu refuser le droit de quitter le pays sans la moindre explication. Ses œuvres ont été exposées dans le monde entier à plus de deux cents reprises. Il était invité, cette année, à la 55ème Biennale de Venise, qui s’ouvre le 1er juin 2013. L’indépendance manifestée par cet artiste pourrait expliquer pourquoi ce droit de sortie lui a été refusé.  

Depuis 2011, les militants Abdullo Tojiboy-Ugly et Shukhrat Rustamov se voient systématiquement refuser tout droit de quitter le territoire 

Toutes ces restrictions, et l’existence même d'un visa de sortie violent l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (droit à la libre circulation et liberté du choix du lieu de résidence).

         Des handicapés en détention

Des handicapés de 1ere et 2de catégorie sont incarcérés depuis plusieurs années et n’ont pu bénéficier d’aucune amnistie.

          1)    Mukhamadjon Akhmedovich Kurbanov, né le 27 février 1957 dans l’Oblast de Ferghana, de nationalité ouzbek. Le 2 octobre 2006, il a été reconnu comme handicapé de 2nde catégorie. Il souffre d’asthme bronchique sévère (Certificat d’invalidité n° А070009827) et est détenu au sein de la colonie pénitentiaire UYA 64/73, dans la région de Zafarabadskii, Oblast de Djizzak.
          2)   Rustam Rakhmankulov, né le 17 octobre 1962, de nationalité Tadjik, a été reconnu en 2006 invalide de  2nde catégorie, ce qui est confirmé par le certificat de  l’ambassade du Tadjikistan en Ouzbékistan. Il est actuellement détenu à la colonie pénitentiaire UYA 64/71 dans le bourg de Jaslyk, Karakalpakistan.
          3)   Shavkat Muslimovich Karimov, né le 23 juin 1971, de nationalité Tadjik a été reconnu le 30 mars 1996 invalide de 2nde catégorie, ce qui est confirmé par le certificat de l’ambassade du Tadjikistan en Ouzbékistan. Il se trouve à la colonie 64/47 de Kiziltep dans l’Oblast de  NAVOÏ
          4)   Murad Almatovitch Latipov, né le 1er janvier 1957 à Tashkent, de nationalité ouzbek. Dans son jugement, il est indiqué qu’il est invalide de 1ère catégorie depuis le 1er janvier 1997, car aveugle. Il est actuellement détenu au sein de la colonie pénitentiaire UYA 64/32 dans la région de Papskii, Oblast de Namangan.
          5)   Sunat Turgunovich Talasov, né le 28 août 1964 à Tashkent, de nationalité ouzbek. Il est indiqué dans son jugement qu’il est invalide de 1ère catégorie (aveugle). Son lieu de détention est impossible à déterminer. Plus de détails en annexe 2 (Ouzbékistan: des prisonniers invalides à nouveau privés d'amnistie ).

         Fermeture des bureaux de HRW

En 2007, les bureaux à Tashkent de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch ont été fermés, alors qu’elle était présente en Ouzbékistan depuis 15 ans. Cette organisation était parvenue à gagner la confiance des habitants du pays. Elle a pourtant été chassée pour avoir émis des critiques concernant le respect des Droits de l’Homme en Ouzbékistan et pour son analyse des événements tragiques d’Andijan en 2005. Comme vous le savez, l’une des conditions posée  par l’Union Européenne  pour la levée des sanctions à l’encontre de l’Ouzbékistan était la restauration de l’activité de HRW. Condition qui n’a pas été remplie.

         Détentions prolongées

Il est devenu d'usage d’augmenter la durée de détention des militants, des journalistes, des opposants politiques et des milliers de détenus jugés pour «extrémisme religieux». Cela se fait sur la base d’accusations gratuites de « désobéissance aux demandes de l’administration pénitentiaire» (art. 221 du Code pénal). Les verdicts tombent au mépris des principes de justice et d’objectivité. Ces prolongations arbitraires aboutissent, de fait, à la réclusion à vie

Murad Djuraev, ex-député au parlement d’Ouzbékistan, âgé de 61 ans, a fait 18 ans de prison déjà. En 2012, il a encore été condamné à 3 ans de réclusion, par une cinquième condamnation. L’écrivain Mamadali Makhmudov a fait 14 ans de prison. Agé de 72 ans, il encourt actuellement une nouvelle condamnation. Isroil Kholdarov, militant de 62 ans, invalide de 2nde catégorie, a purgé 6 ans et a vu sa peine s’allonger de 3 ans. 

J’espère que, lors de Votre visite en Ouzbékistan, vous aurez la possibilité d’aborder la question des droits de l’Homme, ce qui aurait sans aucun doute une influence décisive sur le sort des personnes évoquées ici  et sur celui de l'organisation Human Rights Watch.


Avec mes remerciements d'avoir accepté de prêter attention à ce courrier, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma considération la plus distinguée.

Cordialement, 

Mme Atayeva Nadejda, 
le président d'association Droits de l'Homme en Asie Centrale



27.2.13

Ouzbékistan : des prisonniers invalides à nouveau privés d'amnistie

Il y a plus de deux mois, le 4 décembre 2012, le Sénat d'Ouzbékistan, pour les vingt ans de la Constitution du pays, a pris un arrêté relatif à l'amnistie. Ainsi que l'a déclaré le Comité sénatorial pour la législation et les questions juridiques, il s'agit d'un acte humanitaire à l'encontre de ceux dont les crimes ne sont pas dangereux pour la société. En particulier, sont mentionnés à part dans l'arrêté, les invalides des premier et deuxième groupes. Des personnes souffrant de maladies graves, des femmes, des hommes de plus de soixante ans, des citoyens étrangers.

La précédente amnistie avait été déclarée en Ouzbékistan en décembre 2011. Selon les données officielles, elle fut appliquée à plus de 45000 personnes. 1958000 personnes furent libérées  avant d'avoir purgé leur peine, soit après avoir vu leur peine réduite, soit après l'arrêt des poursuites judiciaires. 

L'arrêté du 4 décembre 2012 est rédigé de telle sorte que les prisonniers politiques sont exclus des amnistiables. 

L'Association des Droits de l'Homme en Asie Centrale - AHRCA sait que depuis des années, les dossiers d'amnistie ne concernent pas:
1. Les prisonniers invalides de premier et deuxième groupes, dont la liste est la suivante:
Mukhammadjon Akhmedovitch Kurbanov, né le 27 février 1957 dans la Région de Ferghana. Citoyen ouzbek, reconnu invalide du deuxième groupe le 2 octobre 2006 pour asthme bronchique de 4ème degré. Certificat d'invalidité N° А070009827. Enfermé au UYA 64/73 dans la colonie pénitentiaire de la Région de Zafarabad, arrondissement de Dzhizak. 

Mukhammadjon Kurbanov est aux arrêts depuis 2009. Accusé d'après l'article 227 (falsification de documents) ; 168, 2ème section, points "a", "b" (escroquerie), 3ème section, point " b " (escroquerie à grande échelle) du Code pénal de la République d'Ouzbékistan - UKRUz. Il a subi des tortures lors de l'instruction. Les actes d'amnistie ne l'ont pas concerné. 

Rustam Rakhmankulov, né le 17 octobre 1962, citoyen tadjik. A été reconnu invalide du deuxième groupe en 2006, ce que confirme une lettre de l'ambassade du Tadjikistan en Ouzbékistan. Il se trouve en UYA 64/71 dans le village de Zhaslyk, Karakalpakistan. 

Le 14 juin 2009, le tribunal municipal de Tachkent pour les affaires pénales a condamné Rustam Rakhmankulov à 18 ans de privation de liberté selon les articles 273, section 5 (vente de drogue); 246, section 2 (contrebande) du Code pénal d'Ouzbékistan. Le tribunal n'a pas tenu compte de son invalidité. Les dossiers d'amnistie du 27.06.2009, du 28.08.2010, du 08.12.2011 ne l'ont pas concerné. 

Shavkat Muslimovitch Karimov, né le 23 juin 1971, citoyen tadjik, Invalide des deux groupes depuis le 30 mars 1996, ce que confirme un certificat de l'ambassade du Tadjikistan en Ouzbékistan. Il se trouve en colonie pénitentiaire 64/47 dans la ville de Kizilktep dans la région de Navoi.

Le 9 février 2011, le tribunal du quartier de Mirabad à Tachkent pour les affaires pénales a condamné Shavkat Karimov à 20 ans de prison selon l'article 273, section 5 du Code pénal d'Ouzbékistan (fabrication, acquisition, détention et autres actions liées aux drogues et substances psychotropes à fin de vente et leur vente elle-même). Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

Murad Almatovitch Latypov, né le 1er janvier 1957 à Tachkent, citoyen ouzbek. Le jugement indique qu'il est invalide du premier groupe (aveugle), reconnu invalide depuis le 1er janvier 1997. Il se trouve à la colonie pénitentiaire UYA 64/32 dans la Région de Pap, arrondissement de Namangan.

Murad Latypov a été condamné selon 11 articles du Code pénal d'Ouzbékistan: article 28 (complicité  criminelle) au total avec l'article 97 (meurtre prémédité), section 2, points "a", "g", "d", "m", "p", " r " (15 ans d'emprisonnement); 145 (infraction à la liberté de conscience, section 2 (2 ans) ; 155 (terrorisme), section 3, points "a", "b" (15 ans); 158 (attentat contre le président), section 1 (10 ans) ; 159 (atteinte à l'ordre constitutionnel, section 4 (10 ans); 161 (diversion) (15 ans); 242 (organisation d'une société criminelle), section 1 (15 ans), 244-1, section 3, points "a", " b" (fabrication ou diffusion de matériel présentant une menace pour la sécurité civile et l'ordre social) (5 ans), 244-2, section 2 (15 ans), il a fait l'objet de l'article 59 du Code pénal d'Ouzbékistan (peine prononcée pour plusieurs actes criminels) ; il a été condamné à 16 ans d'emprisonnement. Arrêté le 16 octobre 2004. Accusé de complicité aux attentats de 1999. Il ne peut se déplacer sans être accompagné. Le tribunal le sait, cela a été filmé par 9 cameramen de la télévision Centrale d'Ouzbékistan dont le service des informations "Akhborot", le correspondant Ombudsman et les diplomates des ambassades des pays de l'Union Européenne. Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

Sunnat Turgunovitch Talassov, né le 28 août 1964 à Tachkent, citoyen ouzbek. Le verdict indique qu'il est invalide du premier groupe (aveugle). Talassov a été condamné selon 10 articles du Code pénal d'Ouzbékistan: article 28 (complicité criminelle) au total avec l'article 97 (meurtre prémédité), section 2, points "a", "g", "d", "m", "p", "r" (8 ans); 159, section 4 (atteinte à l'ordre constitutionnel) (7 ans); 244-1, section 3, points "a", "b" (fabrication ou diffusion de matériel présentant une menace pour la sécurité civile et l'ordre social) (5 ans); 244-2, section 2 (création, direction, participation à des organisations religieuses extrémistes, séparatistes, fondamentalistes ou autres organisations interdites) (7 ans), il a fait l'objet de l'article 59 du Code pénal d'Ouzbékistan et a été condamné à 10 ans d'emprisonnement. Arrêté le 27 novembre 2004. Condamné par le tribunal municipal de Tachkent pour les affaires pénales le 21 février 2005. Il est impossible de savoir où se trouve Talassov.  Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.
2. Les prisonniers politiques de 60 ans et plus: 
Issak Abdullaev, né en 1935, citoyen ouzbek. Membre du Centre de Défense des Droits de l'Homme "Mazlum". Arrêté le 13 mars 2005, accusé d'après les articles 110, section 2 (torture) ; 112 section 1 (tentative d'assassinat et usage de la force) ; 137, section 2, points "a", "b", "c", "d" (enlèvement); 138, section 2, points "a" et "b" (privation illégale et forcée de liberté) ; 139, section 3, points "a", "b", "c" (diffamation) ; 165, section 2 (extorsion de fonds) ; 166, section 4, point "a" (infraction à la législation des douanes) ; 184, section 3 (non-paiement des impôts et autres dus); 219, section 2 (opposition à un représentant du pouvoir ou à toute personne dans l'exercice de ses fonctions civiles); 237 (délation mensongère) ; 244 ( fabrication  ou diffusion de matériel présentant une menace pour la sécurité civile et l'ordre social) et 273 (fabrication illégale, acquisition, détention et autres actes  liés aux drogues et psychotropes à fin de vente et leur vente elle-même) du Code pénal d'Ouzbékistan et condamné à 10 ans de privation de liberté. Issak Abdullaev a été condamné à l'âge de 70 ans ; à 77 ans, il est toujours prisonnier. Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

Salizhon Abdurakhmanov, né en 1950, citoyen ouzbek. Fondateur et correspondant de l'agence d'informations "Uznews.net" (http://www.uznews.net), membre de l' "Union actuelle des journalistes d'Ouzbékistan " et du " Comité pour la Défense des Droits des particuliers au Karakalpakistan". Il travaillait à Radio Liberté et à l'Institut de recherche sur la guerre et la paix.  Arrêté le 7 juillet 2008. L'accusation présentée se référait aux articles 276, section 2, point "a" (fabrication illégale, acquisition  détention et autres actes liés aux drogues et psychotropes à non fin  de vente) du Code pénal d'Ouzbékistan et condamné à 10 ans de privation de liberté. Salidzhon Abdurakhmanov, âgé de 62 ans, purge sa peine dans des conditions de vie difficiles,  l'accès aux soins médicaux lui est limité. Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

Murad Djuraev, né en 1952, citoyen ouzbek. Ancien député du parlement d'Ouzbekistan, ancien maire de la ville de Mubarek, région de Kashkadar. Il a activement participé à l'adoption de la "Déclaration d'indépendance" au parlement ouzbek. Membre du Comité Central du Parti Démocratique d'Ouzbékistan "ERK". Condamné à 12 ans d'emprisonnement le 18 juin 1994 pour crimes prévus par les articles 17-55 ; 17-60, section 2 ; 17-62 : 17-73, section 1 ; 17-197, section 1 du code pénal d'Ouzbékistan (1995). Sa peine fut ensuite réduite à 9 ans. Puis Djuraev fut condamné 4 fois à la privation de liberté selon l'article 221 (insoumission aux injonctions légales des services administratifs pour l'exécution des peines): en 2003, 2006, 2009 et le 5 décembre 2012. Murad Djuraev, 60 ans, reste en prison, il souffre d'une maladie du nasopharinx  et a besoin d'une aide stomatologique. Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

Samandar Kukanov, né en 1945, citoyen ouzbek. Ancien vice-représentant du Parlement de la République d'Ouzbékistan, membre du Parti Démocratique  d'Ouzbékistan "ERK". En 1993, il fut condamné à 20 ans de privation de liberté sur l'inculpation de délits commerciaux. Il n'y a  aucune information sur l'état de santé de Samandar Kukanov, 67 ans. Ses proches sont très inquiets.  Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

Ganikhon Mamatkhanov, né en 1951, citoyen ouzbek. Représentant  du " Comité pour la Défense des Droits des particuliers " dans la Vallée de Ferghana. Il fut arrêté le 9 octobre 2009, puis condamné à 5 ans de privation de liberté selon les articles 168 (vol) ; 211, section 3 (corruption) du Code pénal d'Ouzbékistan. Ganikhon Mamatkhanov, 61 ans, souffre d'insuffisance cardiaque. Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

Mamadali Makhmudov, né en 1940, écrivain, membre du parti Démocratique d'Ouzbékistan "EKR". Ancien représentant du Fond Culturel d'Ouzbékistan. Il fut arrêté le 19 février 1999, puis condamné à 14 ans de prison selon les articles 25-159, section 4 (atteinte à l'ordre constitutionnel) ; 216 (organisation illégale de groupements sociaux ou de communautés religieuses), 242, section 1 (organisation d'association délictueuse) du Code pénal d'Ouzbékistan. Mamadali Makhmudov, 72 ans, reste en prison. Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

Agzam Turgunov, né en 1952, citoyen ouzbek. Directeur exécutif et fondateur du Centre pour la Défense des Droits de l'Homme " Mazlum ". Le 11 juillet 2008, il fut condamné à 10 ans de privation de liberté selon l'article 165 (extorsion de fonds) du Code pénal d'Ouzbékistan. Agzam Turgunov souffre d'une insuffisance cardiaque. Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné. 

Rustam Usmanov, né en 1948, citoyen du Kirghizstan. Ancien représentant du directoire  de la première banque privée commerciale " Rustam-Banque ". Il fut condamné en février 1998 à 14 ans d'emprisonnement selon les articles 165, section 3 (extorsion de fonds) ; 177, section 3 (acquisition illégale ou vente de devises) ; 205, section 2 (abus de pouvoir ou de mandats), 209, section 1 (prévarication) du Code pénal d'Ouzbékistan. Un second verdict fut prononcé en février 2012 selon lequel il fut condamné à 5 ans de privation de liberté selon l'article 221 (insoumission aux injonctions légales des services administratifs pour l'exécution des peines). Le prisonnier Rustam Usmanov, 64 ans, a subi plusieurs fois des séances de torture, il souffre d'insuffisance cardiaque. Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

Istroïlzhon Kholdarov, né le 23 août 1951, citoyen ouzbek. Représentant de la section de la Région d'Andizhan de l'Organisation de Défense des Droits de l'Homme en Ouzbékistan " Ezgulik ". Il a quitté l'Ouzbékistan en octobre 2005 et a demandé la protection internationale à la représentation de la Direction du Haut-Commissariat pour les Réfugiés de l'UNESCO au Kirghistan. Le 2 novembre 2005, l'Ouzbékistan a lancé un avis de recherche contre lui selon l'article 159, section 1 du code UKRUz (atteinte à l'ordre constitutionnel). Selon la version officielle, le 7 septembre 2006, il aurait fait amende honorable auprès de la Direction des Services de sécurité nationale de la Région d'Angizhan. Les circonstances de son retour en Ouzbékistan restent inconnues. En février 2007, le tribunal de la Région d'Andizhan l'a condamné à 6 ans de privation de liberté selon les articles 159 (atteinte à l'ordre constitutionnel) ; 216 (organisation illégale de groupes sociaux), 223 (sortie illégale du territoire) ; 244-1 (diffusion de matériel présentant une menace pour la sécurité civile). Un second verdict fut prononcé le 15 juillet 2012 selon l'article 221 (insoumission aux injonctions légales des services administratifs pour l'exécution des peines) qui prolongea sa peine de 3 ans. Istroïlzhon Kholdarov, 61 ans, invalide du 2ème groupe, demeure en isolation dans des conditions qui nuisent à sa santé. Les dossiers d'amnistie ne l'ont pas concerné.

L'Association des Droits de l'Homme en Asie Centrale - AHRCA, appelle la communauté internationale à intervenir d'urgence dans la destinée de ceux qui, au mépris de la Constitution de l'Ouzbékistan, sont privés de liberté.



18.2.13

Non à une deuxième tragédie d’Andijan!

Mettons fin à la vente d’armes à l’Ouzbékistan !

Selon le journal  The Times  du 8 février 2013, le ministère de la Défense britannique projette de vendre à l’Ouzbékistan une partie de son matériel militaire resté en Afghanistan, dont le  rapatriement en Grande-Bretagne s’avérerait à son sens trop coûteux. Le fait que le gouvernement britannique prenne en compte de simples intérêts financiers au détriment des Droits de l’Homme nous étonne.

Il est de notoriété publique que l’Ouzbékistan cherche à obtenir des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne la vente de blindés et d’avions, équipement destiné à des opérations militaires. Dans quelles opérations militaires l’Ouzbékistan pourrait-il bien avoir à s’en servir ?

L’expérience montre que le régime de M. Karimov est capable se servir de matériel militaire contre sa population. Selon diverses sources indépendantes, de 500 à 700 personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants, auraient été tuées au cours d’une fusillade lors d’une manifestation pacifique à Andijan en 2005. Des blindés de fabrication soviétique, guidés par un avion, ont été utilisés à cette occasion. En cas de nouvelles émeutes en Ouzbékistan, ce qui paraît de moins en moins impossible, M. Karimov n’hésitera pas à faire usage des équipements militaires à sa disposition, ce qui vaudra pour le matériel de fabrication britannique, voire allemande ou américaine, si ces Etats répondent positivement à ses demandes. Si cela doit arriver, la responsabilité du sort réservé aux victimes sera en partie imputable aux gouvernements qui auront fourni à l’Ouzbékistan les moyens de son action, ainsi qu’aux dirigeants  qui auront donné leur aval, au premier rang desquels le Premier Ministre David Cameron et le Ministre de la Défense, Philip Hammond.

Il n’est pas trop tard pour faire obstacle à cette transaction. Nous appelons les membres du Parlement britannique à s’y opposer et à nommer une commission d’examen de la liste du matériel en question, capable de statuer sur le risque éventuel encouru par la population pacifique.

Nous appelons les gouvernements et les parlementaires des Etats-Unis et d’Allemagne à prendre des mesures similaires afin d’éviter la vente à l’Ouzbékistan de matériel qui pourrait servir à  réprimer les manifestations.

Les gouvernements britannique, américain et allemand doivent d’abord penser au respect des Droits de l’Homme avant de vendre des armes à un régime autoritaire déjà responsable de la perte de milliers de vies.


Manifestez votre opposition en vous rendant sur le site d’AVAAZ:
https://secure.avaaz.org/en/petition/No_More_Andijans_Stop_the_Sale_of_Military_Hardware_to_Uzbekistan/